June 14, 2009

Les défourailleurs sont à l'affiche - License to kill





Are thrillers and action movies any credible today if the posters and advertising don't include an armed character openly displaying his weapon? I doubt it. Examples below clearly show that action and adventure films now have to display one or 2 weapons on the advert – with the promise attached of a massive killing spree. See Underworld, Wanted, Punisher...

Action movies posters in the 50s, the 60s or even in the 70s were not so apologetic of armed violence, and weapons were rarely displayed – 'Peter Gunn', using a visual gimmick on the logo to suggest the weapon, 'Bullit' where Steve McQueen's gun remains in its holster. Also, the advertising would focus on other action elements than the weapon itself – a chase, a fight, a car-race...

In fact the first character to advocate the use of weapons is James Bond, whose 'License to kill' provides him with a sort of calm impunity, as he elegantly assumes his killing function. He created a new trend in action movies advertising, and his current avatars are nowhere ashamed of holding death ustensils, as if they were modern-life tools.

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Un polar ou un film d'aventure est-il crédible au cinéma si son affiche ne présente pas un personnage armé ? On peut en douter et s'interroger sur la place prépondérante du pistolet dans l'évocation visuelle du cinéma dit d'action, envahissant depuis quelques années d'autres genres : l'affiche du drame passionnel, du thriller, du film fantastique.
Voici Contre-Enquête un polar psychologique plutôt que d'action - ça dézingue même assez peu (dans mon souvenir) ; qu'à cela ne tienne, c'est un Dujardin armé que l'on voit sur l'affiche !


Tout à l'avenant, la promotion des films d'aventure semble devoir rivaliser avec les promesses de tueries massives des jeux vidéo. D'où cette sorte de surenchère d'armement, non pas une mais deux armes au poing (Underworld, Wanted, GI Joe, Punisher...), comme pour signifier que ça va dézinguer encore plus et de façon ininterrompue, sur le mode "rafale" du fusil mitrailleur. La mise en scène de la violence est devenue quasi systématique dans les affiches des thrillers actuels.

A vrai dire, depuis des dizaines d'années, on voit des calibres de tous poil à l'affiche des films d'espionnage ou d'aventure ; mais peut-être ces films étaient-ils ceux d'une époque où la suggestion fonctionnait aussi bien que la démonstration, où la promesse d'action spectaculaire portait sur d'autres catalyseurs visuels du suspens : courses poursuites, traques, empoignades, corps à corps, armes blanches, étouffements, constituaient les codes dominants des affiches de films de suspense et de crime.






C'est aussi que les affiches des années 50 et 70 exploitaient davantage le noir & blanc, le dessin et l'illustration plutôt que la photographie. Dans l'affiche de Peter Gunn, Detective spécial, le jeu ludique autour du graphisme (l'iconisation naïve du nom Gunn), le dessin et la composition en cases de BD, pouvaient encore atténuer l'agression visuelle de l'arme pointée vers le spectateur.



Le héros moderne qui impose le premier une posture armée inédite en affichage, c'est Jame Bond, à l'opposé de la mêlée des illustrations figurant des détectives au pistolet prudent (Peter Gunn) ou des truands à l'arme facile (Les tontons flingueurs). Son "permis de tuer" semble lui donner cette assurance de l'espion sûr de son impunité ; la jambe négligemment croisée sur l'autre indique une certaine désinvolture. Tout se passe comme si cette désinvolture et cette impunité étaient devenues mythiques, ouvrant la voie à une multitude d'avatars contemporains, tueurs élégants et à l'allure tranquille, assortis eux aussi de beautés vénéneuses.


Dans ces innombrables déclinaisons de l'image archétypale de James bond, les protagonistes des affiches actuelles présentent une nouvelle attitude : le flingue au bout du bras abaissé. Hors du feu de l'action, la signification est plus ambiguë : imminence ou issue d'un affrontement ? Est-ce que la mort a été donnée ou est-elle à venir ? Sur ce flottement de l'interprétation, l'imagination prolifère et le pari du teasing est gagné. Mais ce qui frappe le plus, dans cet instantané du récit filmique, c'est que le revolver perd sa fonction d'arme de défense ou d'arme de crime, pour devenir un accessoire banalisé, le symbole d'une violence contenue, toute en potentialités inquiétantes. Une violence préméditée aussi, celle du personnage déterminé à tirer : soit un héros préparant une vengeance ou une défense légitime, soit un méchant prêt à tout pour aller au bout de sa folie (terroriste, parrain du crime, psychopathe). Tous construisent à travers ces images le reflet d'un monde contemporain défiant l'interprétation, schizoïde : tout à la fois policé et menaçant, méthodique et prêt à vous exploser à la figure. Car s'il fut un temps du cinéma où les revolvers étaient rangés dans des holsters (Bullit), un temps où on les exhibait lorsqu'il s'agissait de faire "parler la poudre", le personnage armé des affiches actuelles ne se soucie ni de cacher ni d'exhiber son arme, lui-même ne se cache ni ne se protège. La mort repose calmement au bout de son bras, comme un ustensile de la vie courante.





1 comment:

  1. This highly interesting analysis of action movies posters unfortunately reflects the way society now puts itself forward. Action and extreme violence are indeed elements of our modern life. Are they really, or is it a certain point of view, only prevalent because of the power of Hollywood movies? America is ruling yet again...

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